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sophie

En Serbie, l'accueil est fraternel

Dernière mise à jour : 13 févr. 2023

Depuis une semaine, Jean-Yves marche en Serbie et devrait être à Belgrade au milieu de la semaine prochaine. Il nous partage ses rencontres.

Vendredi 22 juillet, réveillé à 6h par le carillon de l'église, comme d'hab. Le bivouac était calme. Passage du bac à 8h30.

Un couple cycliste de la Rochelle me double. Fabienne et Edgar. Ils vont sur la Mer Noire depuis 2 mois.

Arrêt pique nique à 13h. Des ouvriers de réfection des routes m'avaient vu passer. Ils s'arrêtent avec leur camion pour me donner une grande bouteille d'eau pétillante glacée. Et une grande poignée de main. Vive la fraternité !

En repartant, par contre, crevaison. Ça faisait longtemps. Obligé de m'y reprendre à deux fois car l'autre chambre à air ne tenait pas. Une heure de perdue à l'ombre, mais il fait encore 38 degrés.

Je cherche l'hospitalité ou un bivouac.

J'ai quitté les églises que j'étais tenté de squatter. Je suis allé 1,7 km plus loin demander à une petite pension "Zimmer frei" qui affichait assez cher. Bien m'en a pris car la dame a accepté que je pose la tente devant chez elle, avec douche, wifi, électricité, et m'a proposé de faire une lessive gratuite. Je lui ai fait lire le flyer hongrois. Elle m'a aussi offert café, schnaps, et bière que je proposais d'acheter. Le tout pour 5 €.

Demain la journée s'annonce encore chaude. Au sens réel comme au figuré. Je passe en Serbie.


Samedi 23 j'ai passé la frontière serbe sans encombres. File de voitures sur plus d'un kilomètre. J'ai doublé tout le monde sous l'œil goguenard et amusé des automobilistes. Après cela, tout au long du chemin jusqu'à Bezdan, où je vais bivouaquer, j'ai reçu de nombreuses marques d'attention. Un billet de 500 dinars pour l'un, un brugnon, plusieurs bouteilles d'eau fraîche, pétillante ou non... Un sandwich au jambon. Ça n'arrêtait pas. Et des automobilistes de toute nationalité (serbe, hongrois, allemand, autrichien).

Arrivé à Bezdan, j'ai juste eu le temps de changer des euros en dinar avant midi. Le monsieur à qui je me renseignais était justement le changeur auprès de sa boutique. Et il m'a indiqué la station service qui vend des cartes sim. Il fait 39 degrés dehors. J'ai décidé de bivouaquer ici après 14 km seulement. Demain j'irai à Sombor en camping, a 25 km, si tout va comme prévu.


Dimanche 24, je suis arrivé à Sombor, en moins de km que prévu (16), car j'ai pris la route directe, et en bon état, contrairement en Hongrie. Levé à 6h, parti à 8h, temps ensoleillé mais moins chaud qu'hier. Super étape, arrivé à 11h30. Je passe par l'église en centre ville, la messe vient de finir. Les gens ont un épi de blé à la boutonnière et certains sont en costumes. Fête spécifique liée aux moissons ?

Échange sur le chemin avec 3 riverains, dont un parle français. L'autre me donne 2 pêches.

Plus loin, un cycliste voit la cariquelle devant l'église et me dit en anglais : toutes les religions sont mauvaises, c'est la guerre et l'argent. Je lui réponds avec le sourire que ça n'est pas ma façon de penser, ”peace and love ", mais comment arriver à changer cette image négative de l'Église, sinon par son témoignage personnel ?

Arrivé à 12h15 au camping pour cyclistes, en pleine ville. C'est Ivanka et son mari qui m'accueillent. Super petit camping familial, où je suis seul, tout confort et pour 1000 dinars. J'ai même réparé 3 chambres à air, puisqu'il y a aussi un petit atelier vélo.

Étape idyllique aujourd'hui. Demain, Apatin est à 26km.



Lundi 25, hier, Martina, cycliste polonaise est arrivée le soir au camping. Je viens de la croiser de nouveau à Apatin où j'ai posé la tente pour la nuit en bivouac. J'ai coupé court mon étape en prenant la route, soit 16km au lieu de 25 par L'Eurovelo. Heureusement car la chaleur est repartie. Le soleil tape fort. C'est fatiguant.

Mon bivouac est de l'autre côté d'un bras du Danube, dans un bois où des caravanes ont élu domicile. Cela semble connu de beaucoup. J'espère retrouver ma tente et la cariquelle en revenant sur le site. Une bonne nuit me fera du bien.



Mardi 26, j'ai fait une bonne nuit et ce matin ça allait. Grosse étape de presque 38km pour arriver à 17h30 sur un camping qui n'existe plus. Les riverains m'ont indiqué un petit coin plage pas très loin, et je vais pouvoir planter ma tente.

Étape longue mais variée. Beaucoup de soleil encore. Je n'ai pas vu un vélo du trajet. Par contre, de très beaux paysages sauvages le long des marécages asséchés et des forêts. J'ai vu un gros sanglier solitaire marcher nonchalamment à 200 m de moi. Puis deux belles biches qui se suivaient. Et enfin une douzaine de sangliers qui traversaient la levée sur laquelle je marchais… Super.

Autrement, j'ai renversé trois fois à cause des chemins sableux avec des racines. La hampe de mes fanions a dû être raccourcie.

Paradoxalement, j'ai bien supporté cette journée, et de plus, le vent s'est levé, et le ciel s'obscurcit. Un peu de frais arrive. C'est bien.



Mercredi 27, ce soir, je suis à la Pansion Jakic. Après deux bivouacs la douche est bonne. J'ai fait 27 km, et même un peu plus car j'ai voulu aller voir le couvent franciscain de la ville, mais personne ne m'a ouvert. J'ai pourtant carillonné plusieurs fois.

Sur le chemin, un patron de restaurant m'a offert une bière. Nous avons parlé du chemin et de la fraternité. Lui est orthodoxe et n'a jamais vu Jérusalem mais il a été au mont Athos, et est très fier de montrer l'attestation encadrée à son nom.

Je suis donc arrivé à Bac. Je suis encore passé par des chemins sableux, et ça m'a valu encore deux renversements de cariquelle. Les fanions sont encore plus courts et j'ai perdu une poignée...



Jeudi 28, parti à 7h15 ce matin, sous quelques gouttes de pluie. Ciel nuageux, mais le climat est toujours chaud. Je suis arrivé vers 13h à Backa Palanka.

J'ai eu le temps de faire réparer un peu mes fanions par des ouvriers d'une entreprise de matériaux, avec un vieux manche à balai.

Ensuite, j'ai frappé à la porte du presbytère, non loin de l'église. François, le curé, et sa mère Anna, m'ont accueilli à bras ouverts pour le gîte et le couvert. François rédige aussi une lettre de recommandation que je pourrai présenter à d'autres paroisses pour être accueilli. Nous avons visité l'église, puis il me propose d'aller boire un verre de vin quand il reviendra d'un rendez-vous.

Vive la fraternité !



Vendredi 29, je suis à Begeć, à mi-chemin de Novi Sad. Parti tôt, vers 6h30, car François et Anna se lèvent vers 4h. Petit déjeuner avec œufs et bacon, café, mais eux ne mangent pas. Gros problème, j'ai fait tomber mon portable : vitre cassée en étoile, mais ça marche encore. Je verrai à Novi Sad demain.

Le prêtre orthodoxe qui m'accueille, et sa femme, m'ont préparé à manger. Chambre dans une dépendance, douche. C'est la paroisse Saint Luc. Les orthodoxes sont très majoritaires, ensuite les protestants, puis les catholiques. Mais les relations semblent au beau fixe, fraternelles, en somme. François disait hier soir, c'est l'œcuménisme en action. Ce sont aussi des bons copains.

Douche et sieste, puis dîner vers 19h. Demain est un autre jour.



Samedi 29, arrivé à 13h à Novi Sad. Il y a eu quelques coups de tonnerre sur le trajet mais seulement de rares gouttes de pluie. J'ai croisé un couple de cyclistes, Pascal et Blandine de Redon.

Le prêtre orthodoxe, ce matin, m'a dit d'aller à l'hôtel Mediteraneo, que j'y serai accueilli. Effectivement, m'a chambre était réservée. C'est le diocèse qui prend en charge. Sympa. Comme quoi la fraternité est aussi œcuménique. L'hospitalité est une valeur évangélique.

Cet après-midi il y a un peu de vent. Ça fait du bien.

J'ai fait un tour dans le centre-ville. C'est très animé et touristique.


Le 28 juillet, cela a fait 4 mois que Michelle et Jean-Yves étaient partis de Saint-Nazaire... Environ 3500 km parcourus...

Si vous n'avez pas pu traduire ce qu'Ivanka et Pecki ont noté sur facebook lors de l'arrêt de Jean-Yves à Sombor dans leur camping, en voici quelques mots : "Nous admirons simplement sa volonté, son courage et sa persévérance. Même les plus jeunes ne pourraient pas se lancer dans cette aventure, d'autant plus qu'il voyage depuis plusieurs jours dans des températures comprises entre 35 et 42 degrés Celsius !☀️💥🔥 Il mérite notre grand respect !!!"


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2 Comments


chantalbac88
Aug 01, 2022

Bravo Jean-Yves pour ton courage et ta perseverance malgré la chaleur. Je suis chaque jour un peu plus en admiration devant cette aventure. Bises Chantal

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jacchapron
Jul 31, 2022

Un chemin plein d’humanité et de courage ! Je ne sais pas vraiment comment t’exprimer mon admiration Jean Yves . C’est un beau et juste combat que tu mènes . Puisses tu être entendu. Alors un simple « chapeau bas » Jacques Chapron

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